Mounas Tété

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Nouvel Age d'Or de la Musique Camer Part II

Les deux académies de la nouvelle école de la musique urbaine Camerounaise.

Nouvel Age d'Or de la Musique Camer Part II

 

Après avoir revu très brièvement le parcours de la musique urbaine Camerounaise lors des 20 à 30 dernières années ici, la question de l’état actuel des choses se pose. Quels sont les artistes qui sont au-devant de la scène musicale aujourd’hui. En effet, la tendance actuelle nous pousse a dans une certaine mesure faire la part entre les artistes, et séparer les « modernes » des « has been ».

 

Les « has been »

 

La première académie de la nouvelle école de la musique urbaine Camerounaise, souvent considérée « has been » par le très vaste public rassemble ces artistes qui ne sont pas toujours sous les feux des projecteurs, ces artistes qui font un travail de fond, gardent un forte identité culturelle et essaient de réactualiser les genres musicaux aujourd’hui en déclin. Au moment de se lancer, les acteurs de cette académie auraient en substance répondu, au choix :

  • "Je suis passionné par la Musique (chant et/ou instruments), et j’utilise cet art pour promouvoir la culture de mon pays. Pour ce faire, je m’inspire des anciens."

  • "Je suis sensible à mon environnement social et aux maux de ma communauté ; et je me sens interpellé par la plume de Kery James et de Kendrick Lamar."


 

Ces artistes se distinguent sur la scène musicale camerounaise à travers la World Music, le Makossa, l’AfroSoul, le vrai Mboko Rap (très souvent conscient), le Slam engagé… Il s’agit de Charlotte Dipanda, Jovi, Xzafrane, LabL, Daphné, Dynastie Le Tigre, Mic Monsta… [Quelques first-in-class que j'ai personnellement étudiés]

Caractéristiques générales : La majorité de ces artistes ne jurent que par le Live, et écrivent leurs textes en langues locales (pidgin inclus). Surtout, tous ces artistes prennent le temps de murir leurs univers musicaux et travaillent leurs albums comme des "projets" ; albums qu’ils considèrent comme la véritable empreinte d’un artiste qui se respecte.

En décembre 2014, je suivais une interview de Charlotte Dipanda sur une chaine de télé locale où, avec de la lueur dans les yeux, elle disait en substance : « Je prends le temps de mûrir la musique en moi, puis je la restitue sur un album qui a une âme et concentre toute mon inspiration. Mon album c’est comme mon bébé. »

Conséquence directe : les œuvres sont appréciées et validées par les aînés du genre musical, tandis que les puristes s’immergent dans les projets. Ici, Charlotte Dipanda et Ben Decca:

 

 

Les autres, qui se disent « modernes »

 

"Pourquoi veux-tu faire de la musique ?" Au moment de se lancer, les acteurs de cette nouvelle académie auraient en substance répondu, au choix :

  • "Je suis fan de Beyoncé / Usher / Booba / Lil Wayne. Ils ont du swag." Notez bien qu’être fan de ces artistes ne signifient pas être fan de la Musique.

  • "Le dehors est dur ; je TENTE aussi la Musique pour m’en sortir."

  • "La musique (à la TV) est cool ; et c’est désormais un domaine qui marche : des artistes comme Stanley Enow et Charlotte Dipanda sont en train de briss."

D’un autre cote, la seconde académie de la nouvelle académie de la musique urbaine camerounaise c’est ces jeunes qui se lancent dans le showbiz sans forcément avoir de réelle vocation à créer ni de passion musicale ; ne puiseront (a priori) pas leur inspiration dans le patrimoine culturel national et n’ont (a priori) pas la pression du label vert rouge jaune.

Ces artistes se distinguent sur la scène musicale camerounaise à travers le néo Bikutsi, l’AfroBeat, la Naija Pop, le KwattNB, le "Rap Soulja-Boy"…

Leurs œuvres ont en général les caractéristiques suivantes : musique essentiellement divertissante, éphémère et très souvent sans réelle identité. Musique « cool et branchée » mais d’inspiration moyenne. Œuvres à la musicalité moyenne car la performance instrumentale est dérisoire.

Enfin, l’analyse des stratégies autour de certaines œuvres révèle une course effrénée (voire malsaine) vers le succès immédiat. Quelques-uns de cette communauté culturelle recherche d’abord à créer du buzz avant de chercher à devenir Artiste : ils jubilent leurs classements dans le Urban Hit de Trace Urban et Trace Africa et se félicitent de leurs nombres de vues sur YouTube.

 

 

A ce point de mon article, je tiens à rappeler qu’il n’a pas pour objet de classer la scène musicale en "vrais artistes" d’un côté, et "faux artistes" de l’autre. Le talent est présent au sein des 2 académies. Par ailleurs, la Musique c’est de l’Art, tout individu créatif est libre de concevoir des œuvres et réaliser son art avec les ingrédients qu’il souhaite, avec l’ambition professionnelle et l’objectif pécuniaire qui l’animent. La musique camerounaise se développe progressivement en tant que business, elle connait même une effervescence incroyable depuis le succès du Single Hein Père. Toutefois, à l’allure où évoluent les choses, un nouvel âge d’or n’est pas prêt d’arriver car depuis 5 ans, il n’y a presque pas de vrais "Classics" produit par des camerounais.

 

#Article #Soul #Rap

Publié le

26 November 2016

Ecrit par

Pascal-Olivier
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