Mounas Tété
zikclub
Critique: Mongo - Maxtor
Mongo, la première EP de Maxtor, une des figures montantes de la scène musicale urbaine Camerounaise, sortie le 1er Février 2016.
Mongo ou encore Enfant en langue Bulu est le titre de la première EP de Maxtor, une des figures montantes de la scène musicale urbaine Camerounaise, sortie le 1er Février 2016. On va pas tourner en rond, cette EP est lourde, très lourde! Six titres qui écrivent le nom de Maxtor en de très belles lettres dans le livre du rap Camerounais. Maxtor ne rayonne peut être pas d’un flow très osé, mais la profondeur de ses textes ainsi que son ingéniosité lyricale -un mélange de Français, de Camfranglais et de langue Bulu- font de cette EP un échantillon comme on en voit très peu.
Le disque s’ouvre sur le titre Le Choix, où Maxtor tour à tour rentre dans la peau d’un gangster puis d’une fille de rue s’adressant à son jeune frère cadet. Ce titre tente de donner un point de vue différent -plus humanisant- à ces deux “professions” que bon nombre de jeunes pratiquent. Il conclut le titre sur une description de son “chemin”, celui d’un jeune honnête qui comme on le dit si bien au Cameroun, se “débrouille”. Tout ceci sur une production signée Maxtor lui même, un piano profond au tempo plutôt lent accompagné d’une batterie très sobre mais très prononcée. Ce titre a le potentiel pour rentrer parmi les classiques du rap camer*, le temps nous le dira.
S’en suivent trois titres -Le Ndem C'est Partout, R.I.E.N et Yelele Love- ou Maxtor parle de la vie dans son entourage: le ndem*, les haters, les ngas* et le ndolo*. Il exprime ainsi la difficulté que la jeunesse de sa communauté éprouve à joindre les deux bouts, les conflits qui règnent au sein même de cette jeunesse mais aussi le réconfort que la grande majorité trouve dans l’amour. Le titre Yelele Love est d’une très grande simplicité lyricale, un choix de l’artiste sans doute pour accentuer son coté chant et mettre en avant l’effort fourni pour changer de style et proposer quelque chose de plus émotif. Il comporte notamment un hommage à Petit Pays, artiste Camerounais que l’on ne présente plus.
Le titre OWEE -qui veut dire “Oui” en langue Bulu- en collaboration avec General Bozby est le premier single de l’EP à avoir été mis en ligne. Il s’agit d’un de ces titres sans véritable message ni thème, une chanson entre le rap et le coupé décalé. Plutôt monotone, ce titre casse le dynamisme que le disque avait pu construire jusqu’ici. Néanmoins, Maxtor a prouvé en concert que même sur ce titre, il peut être une véritable bête de scène.
L’EP se ferme sur My Combi, une de ces chansons qui prouvent que l’arsenal linguistique à la disposition des artistes Camerounais est quasi-infini. Français, Anglais, Pidgin, Camfranglais, dialectes (en l'occurrence le Bulu): Maxtor les utilise tous. J’écoute personnellement ce titre en boucle depuis sa sortie, pourquoi? Son rythme très prononcé, sur un beat aux sonorités très Camerounaises -réalisé par Maxtor- et son message profond.
En conclusion Mongo est une EP de six titres que tout mélomane appréciant le rap camer* devrait découvrir. Il regorge de punchlines et de diversité lyricale. Ce n’est pas un disque pour le buzz, mais une tentative par Maxtor de présenter son quotidien; tentative que je qualifierai de réussie.
Mongo est en écoute libre et gratuite sur SoundCloud.
*camer: Cameroun
*ndem: poisse
*ngas: femmes
*ndolo: amour
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