Il y a quelques semaines, nous avons discuté avec Kevin Epo, aka Stormz Kill It, figure montante du beat making Camerounais.  

Stormz Kill It tu commences à te faire connaître dans le game, peux-tu te présenter aux lecteurs ?

Ah bon! Je me fais connaître !? [Rires] Bah j'ai 24 Ans, je suis né et je vis toujours à Douala. Je suis membre du Label “Auspicious Music Group”, un nouveau label basé à Miami aux États-Unis où je suis notamment le seul étranger et africain. Je fais parti de l'entité Square Flow créée par Dareal.

 

Tu as donc percé chez les ricains !

[Rires] Percé !!! Non non je me bats comme je peux.

 

Quel est ton rôle chez Square Flow ?

Square Flow c'est une entité qui regroupe des talents pas seulement dans la musique, mais dans l'art diverse autour de Dareal et moi je garde ma casquette de beatmaker. C'est une sorte de famille.

 

Comment tu te retrouves dans l’univers de la musique et tu deviens beatmaker?

Ma position dans l'univers de la musique c'est une succession d'étapes. Je suis fan de musique à la base depuis tout petit et j'étais un grand fan de 50 Cent à l'époque d’ “In Da Club”; J'avais 15 ans je crois et c'est là que j'ai commencé à m'intéresser à la musique et surtout au Hip-Hop. Donc j'ai commencé par le rap, comme beaucoup de beatmakers [Rires].

 

Donc Stormz Kill It a rappé?

[Rires] Oui j'ai fait du rap pendant un bout avec un pote à moi à l'époque, on avait formé un petit groupe Lil'Kev (moi) et Lil'Sam. L'ex Lil'Sam n'est plus aujourd'hui dans le monde de la musique [Rires] Il est étudiant. On [n.d.l.r. le groupe] n'avait pas de nom, on faisait ça juste pour le fun à l'époque.

 

#NoName [Rires]

Voilà.

 

Et à quel moment tu te lances en solo dans le beat making ?

Je me lance dans le beat making quand j'étais au Bénin en 2010 je crois bien. J'étais au Bénin pour mes études et c'est là où j'ai eu mon premier contact avec FL STUDIO. FL STUDIO est un logiciel de création et de composition musicale.

 

C’est quoi être un beatmaker Camerounais de nos jours ?

Être un beatmaker Camerounais de nos jours... bah à mon avis le monde du beat making a beaucoup évolué au Cameroun je pense, avant c'était un monde assez fermé et réservé à des personnes que je peux dire vraiment encrées dans le Hip-Hop camer. Mais aujourd'hui avec la technologie et internet beaucoup de personnes se sont lancées dans le beat making. Aujourd'hui au Cameroun je pense que le beat making n'est pas encore vraiment reconnu à sa juste valeur. Peut-être c'est le fait qu'il n'existe pas encore d'industrie de la musique.

 

Qu'est ce qu'il faut donc pour avoir une industrie digne de ce nom au mboa selon toi?

Selon moi, déjà il faudrait beaucoup de solidarité artistique, une vraie prise en charge du côté culturel par le gouvernement, un certain professionnalisme des différents acteurs de la scène musicale au Cameroun (beat makers, artistes, producteurs, labels...) et surtout ce qui est très important pour moi, une ouverture d'esprit sur la façon de créer de la musique au Cameroun. Il y a beaucoup de potentiel mais mal utilisé. Certes peut-être le gouvernement n'aide pas beaucoup mais je ne pense pas qu'ils bougeront si nous ne le faisons pas les premiers.

 

Mais es-tu optimiste au regard du mboa et de sa musique urbaine?

Oui bien sûr, si non je ne devais plus être là [Rires]. Il faut juste un travail de fond et du professionnalisme.

 

Es-tu aussi producteur ?

J'ai arrêté la production générale pour me concentrer sur le beat making. Mais j'en ai fait, notamment avec Kiloh le jeune producteur de New Bell Music, il y a quelques années.

 

Tu nous as parlé de 50 Cent et In Da Club, quelles sont tes influences musicales dans le rap et le beatmaking?

Mes influences musicales en ce moment côté artiste: Drake (énormément), Johnny Rain, Trey Songz, Kendrick Lamar... [Rires] la liste est longue.

 

Très américain…

[Rires] J'ai été bercé par les influences cainri.

 

Aucun rappeur camer ne te donne de frisson ?

J'étais en train de vouloir en parler [Rires] Si si bien sûr. Mais pas les frissons hin, que j'apprécie. Parce que je n'ai pas encore écouté un artiste qui m'ai donné des frissons. Jovi, Dareal, Kilamel, Venum… Il y en a bien d'autres.

 

Et des beatmakers ?

Côté Beat making et production, Noah 40, Metro Boomin, Dr Dre, Boi-1da, Mike Will Made It, Jovi, Masterkraft… Don Jazzy j'avais oublié, mais il y en a tellement aussi...

 

A.N.G lors d'une discussion nous a fait savoir que t’es une pépite à suivre. Qu’est ce que ça te fait d'avoir l'approbation d’un grand frère comme lui?

A.N.G !!! [Signe de respect] C'est plus qu'un grand frère, C'est un mentor. Il a fait beaucoup pour moi et continue à le faire. Cela m'encourage à travailler encore plus et à donner le meilleur de moi, la route est encore longue.

 

Il y a-t-il une véritable collaboration entre beatmakers Camerounais ?

Il commence à avoir une collaboration entre beatmakers et même entre producteurs de musique, je pense. Je suis en contact avec des confrères comme Beat Baller, Edi Ladrae, Ivo, Kiloh, A.N.G, Softouch, Seoud Drums, Dj Path, Jaures Dj et bien d'autres encore. Le seul moyen de pouvoir révolutionner ou mieux valoriser cet art est la mise en place d'une industrie de la musique et aussi une prise de conscience des beatmakers et producteurs qui doivent comprendre qu'aujourd'hui ce n'est pas en restant enfermé dans un studio qu’on pourra s'en sortir, il faut mettre la main à la pâte, savoir vendre son métier.

 

Peux-tu nous dire la différence entre produire de la musique et faire du beatmaking ?

En fait il y a beaucoup d'amalgame, le beat making c'est de la production musicale à mon avis. En anglais il y a les “music producers”, ce qui regroupe un peu tout beat making, sound engeneering (désolé pour l'anglais)... Donc c'est comme cela que je vois ça. Le beatmaker lui ne fait que des beats. Et le producteur musical peut faire des beats, comme le mixage de sons et autres. Tout ça est un peu confondu de nos jours, les gens ne font pas trop la différence… Certains m'appellent souvent ''DJ''... Donc voilà, il y a les DJs, les beatmakers et les ingénieurs du son.

 

En revenant à toi, ta première beattape, Trap Lord I comme son nom l’indique est essentiellement composée de titres trap, pourquoi ce choix de style musical ?

Ce style musical parce que je me suis trouvé à un certain moment en train de faire beaucoup de beats Trap pour des artistes, vu la demande. Je me suis dis bon bah pourquoi pas faire une première beat tape trap? En fait beaucoup pensaient que je ne faisais que du trap, pourtant ce n'est pas ça.

 

Avec quels artistes Camerounais as-tu travaillé récemment ?

Récemment avec Venum, Dareal, Tom Kingue, Dex Willy, Maxtor, Cool Kid. Je peux pas vous donner de détails, pas pour le moment, désolé.

 

Ça veut dire qu'il y a du lourd en cuisine ?

Oui oui. Beaucoup de choses se préparent, surtout pour les débuts des vacances.

 

Et avec des artistes étrangers, des projets en cours ?

Oui j'ai plus de projet à l'étranger, c'est amusant ça. Avec des artistes émergents, Sleepboi Gotit, Dazz & Brie, Frye, R.Lungz, Chey Et d'autres encore. Vous pouvez les trouver sur Instagram ou Soundcloud.

 

En revenant au mboa, la musique urbaine Camerounaise embrasse désormais des timbres sonores plus africains, plus authentiques, pourquoi tu restes figé aux sonorités américaines ?

En fait je ne suis pas vraiment figé aux sonorités américaines, vous allez vous en rendre compte bientôt avec les prochains sons de certains artistes avec lesquels je travaille. C'est juste que je vend mes beats en ligne et ma clientèle est en majeure partie américaine. Beaucoup de personnes m'ont fait cette remarque.

 

Sur tes comptes on a droit à un, parfois 2 beats tous les jours ! Tu dors même gars?

[Fou Rire] Ils arrive que je dorme très tard, mais je dors beaucoup plus en matinée. C'est l'accumulation d'expérience qui me permet peut-être d'aller plus vite dans mes productions. Et j'ai facilement des idées de sonorité.

 

Tu peux nous en dire plus sur le concept des #FreeFriday ?

J'ai décidé de balancer des beats freestyles chaque Vendredi et qui seront téléchargeables gratuitement jusqu'au Vendredi qui suit. L'idée me vient sur un coup de tête,  je ne suis pas du genre à planifier les choses un mois à l'avance. Ça me permettra aussi de découvrir de nouveaux rappeurs, et pourquoi pas une pépite? Ce que je vais faire des sons, je ne sais pas encore, on verra bien au moment venu.

 

En gros c’est quoi ta discographie aujourd’hui et sur quels projets personnels travailles tu actuellement ?

Aujourd'hui j'ai ma Tape Trap Lord I disponible sur audiomack.com et sur rapcamer.com. Côté son il y a “le number de ma nga” de Mink’s, “Mon frère” d'A.N.G, “Aladdin” de Tom Kingue, “Greatness” de Frye (USA). Mes projets à venir, je suis en train de travailler sur une sorte de mixtape regroupant beaucoup de jeunes artistes émergent au Camer et une deuxième beattape.

 

Des dates de sorties ?

Non pas de date pour le moment

 

Tu fais un beat exceptionnel et tu veux en faire en classique du rap Camerounais, tu call qui pour poser dessus ?

Mon casting de rêve hummm, intéressant...
Dareal x Jovi x Locko (refrain) x Krotal x Pascal

 

On attend alors que tu postes ce son sur tes comptes dans quelques mois [Rires]

[Fou Rire] Si Dieu le veut

 

Pour terminer cet entretien, d’où te viens le nom Stormz Kill It ?

En fait avant je m'appelait Swizz Stormz, à l'époque j'étais fan de Swizz Beats [Rires], la jeunesse. Et puis un jour j'ai fait un beat et un pote a crié “Damn you killed it, Stormz you killed it”' Et c'est de là le “Stormz Kill It” après beaucoup de méditation.

 

Tu vas faire le ngata un jour pour tueur en série... de beats

[Fou Rire] Il faut demander qu'on t'embauche à caravane mobile!

 

C’est pour Yacob

[Fou Rire]

 

Merci beaucoup pour ton temps Stormz ! Un dernier mots pour tes fans ?

J'ai des fans? [Fou Rire], je ne le savais pas. Bref, je vais juste dire “The best way to predict the future is to create it. Stop Wishing, start doing”. Merci à tous ceux qui kiffent mon taf et me suivent sur SoundCloud et tous les autres réseaux sociaux.

 

#Hip-Hop #Beats #Interview